La question était : » Peux-tu me dire si les personnes dont la sensibilité a été très améliorée par ta méthode peuvent revivre à Paris ou dans une grande ville et retravailler dans une environnement de bureau très connecté sans aucun problème et ceci pendant plusieurs mois voire une année complète, sans ressentir une détérioration de leur état. »
D’abord te dire que je n’ai pas de « méthode » mais plutôt que j’utilise sur moi-même un ensemble d’outils qu’il m’a été donné d’acquérir et que je me propose de transmettre. Certaines techniques sont millénaires (la méditation, le yoga, le chant diphonique), d’autres centenaires (le do in) ou plus récentes (PNL, neuropsychologie) ; elles sont toutes dans le domaine public et accessibles gratuitement sans passer par moi.
Maintenant, pour répondre à ta question, je fais la distinction entre l’hypersensibilité et l’hyperréactivité. Entre revenir à l’état antérieur (hypersensibilité sans dysfonctionnements neurologiques, que j’appelle « guérir » car il y a disparition durable des douleurs, de l’inflammation, des signes neurologiques,etc.) et devenir autre que ce qu’on a toujours été (disparition de l’hypersensibilité, c’est-à-dire peut-être éliminer définitivement tout risque de rechute). Je sais faire la première chose mais pas la deuxième.
A mon avis, et j’espère être démentie par le temps qui passe, on conserve une susceptibilité. En effet, toutes les personnes rétablies que je connais (toutes techniques de soins confondues) ont connu des rechutes. De plus, la quasi totalité des personnes qui sont venues suivre des stages présentent des caractéristiques sensorielles, émotionnelles et cognitives communes qu’il serait intéressant d’étudier. Mon intuition me pousse à avancer ici l’hypothèse de gènes qui se sont exprimés dans un environnement particulier (intenses CEM et/ou fortes doses de produits chimiques + stress émotionnel ancien réactivé) et dont on pourrait inhiber l’expression par des interventions actives sur le fonctionnement de notre propre système nerveux, une sorte d’épigénétique volontaire. Il est d’ailleurs prouvé que la méditation peut avoir ce type d’effet.
Je me demande dans quelle mesure nous n’avons pas toujours été susceptibles de déclencher cette hyperréactivité – due à une hypersensibilité antérieure, voire innée, et dans quelle mesure cette hypersensibilité (pas l’hyperréactivité qui, elle, peut de manière certaine être stoppée) peut être modifiée.
Pour l’instant, à ma connaissance, aucune des personnes qui ont suivi des stages avec moi n’a encore tout à fait retrouvé son état « d’avant » même si certains ont pu retrouver beaucoup d’aspects d’une vie normale (aller chez des amis, en ville, faire les courses, etc, ce qui est déjà un énorme changement quand on est contraint de survivre dans un minuscule périmètre).
J’ai pu observer sur moi-même que les changements ne deviennent durables qu’après des centaines d’heures de répétition de pratiques mettant en jeu la plasticité cérébrale. Et encore, des retours en arrière inattendus peuvent se produire. Il m’est arrivé plusieurs fois de voir revenir des symptômes et de devoir pratiquer à nouveau intensivement (notamment suite à la création de l’association qui a déchaîné beaucoup d’agressivité, ou bien suite à des injections d’anesthésique dentaire, ou encore suite à l’achat d’une voiture d’occasion dont le concessionnaire avait passé l’intérieur au « rénovateur de caoutchouc »). J’ai pu constater à chaque fois que les symptômes régressent rapidement si je ne les laisse pas s’installer et que la réactivité ne dégénère pas comme par le passé (de la réactivité à une fréquence et à un produit chimique, j’étais passée en peu de semaines à à peu près tout le spectre des hautes et basses fréquences et à un très grand nombre de produits chimiques).
Comme toi, je peux avoir toutes sortes d’activités normales et répétées sans en souffrir du tout. Par exemple, je vis dans le wifi de mes voisins, je me suis adaptée à ma voiture « rénovée », je passe des journées en ville, je passe l’aspirateur, j’ai un frigo, je me parfume… Sans aucun souci, ce qui était impensable pour moi il y a quelques années. Le meilleur point de repère pour moi est la maison de ma grand-mère où je ne pouvais plus me rendre, ce qui me rendait infiniment triste (4G, télé par satellite, wifi, ligne haute-tension…). J’y passe maintenant régulièrement plusieurs jours d’affilée (après 400 km d’autoroute dans ma voiture « rénovée ») sans ressentir aucun symptôme, ni pendant ni après. J’insiste sur « aucun symptôme » parce qu’on me demande souvent au téléphone ce que j’entends par là. Eh bien rien, quoi, aucun signe de quoi que ce soit de perturbant. (Tu m’as connue presqu’au pire de ma réactivité, tu vois donc clairement la différence 🙂
Reste qu’à la question « Pourriez-vous vivre en ville ? » qu’on m’a déjà posée mille fois, je réponds oui, aujourd’hui, oui. Mais que se passerait-il si je décidais de m’installer au 24e étage d’un immeuble en plein Tokyo ? Combien de temps resterais-je en bonne santé ? Je l’ignore. Dans mon cas personnel, je sais que j’ai toujours été une personne hypersensible et que je le resterai probablement toute ma vie. D’où le choix d’un mode de vie qui préserve mes besoins. J’ai payé cher mon rétablissement (perte de mon travail, de mes amis, de mon lieu de vie, pauvreté, réclusion solitaire en montagne pendant plusieurs années) et il ne me viendrait pas à l’esprit de le « tester » pour vérifier qu’il est définitif, car si la démarche serait scientifiquement intéressante, il y va de ma vie 🙂 . Je préfère me sentir rat des champs que rat de laboratoire !